Si le bois fait son retour en force dans la construction, cela fait trois quarts de siècle, que BSM, installé à Comines, est spécialisé dans la construction bois.
Une résidence de 32 logements vient d’être livrée au CREPS de Wattignies pour les délégations olympiques qui viendront s’entraîner dans le Nord. Un bâtiment passif qui va même redonner de l’électricité avec les panneaux solaires, l’eau chaude des douches va resservir pour donner de l’énergie au bâtiment sur le même principe que l’autoroute de la chaleur du CVE, par exemple…
Ce contrat avec la région des Hauts-de-France pour cette résidence – 70 à 80 % des contrats sont des marchés remportés par BSM auprès des collectivités – était bien antérieur à la crise actuelle, mais à l’heure de la sobriété énergétique, cela tombe plutôt bien. D’autant que pour son directeur, Vincent Decarpigny, 38 ans de maison dont la moitié à sa tête, le bois présente bien d’autres avantages. Outre le fait que le bois est bas carbone et qu’il stocke le CO2 « il faut 1 000 fois moins d’énergie qu’une poutre en acier ou en béton », argumente-t-il. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que « le bois, dans la construction prend de plus en plus d’ampleur. » De 5 % il y a une vingtaine d’années, il représenterait aujourd’hui entre 10 et 15 %.
Les Hauts-de-France pour terrain de jeu
Une bonne nouvelle, évidement, pour le spécialiste du bois et du lamellé-collé. Qui a de nombreuses réalisations à son actif dans les Hauts-de-France, son terrain de jeu et des beaux projets en cours, comme une salle de sport à Estaires, une crèche à Liévin, une maison intergénérationnelle à Halluin… « On utilise des sapins du Nord, détaille Vincent Decarpigny. Ces sapins de Scandinavie sont les mêmes que dans les Vosges, mais comme ils poussent dans des conditions plus difficiles, leur cœur est plus serré, plus fort. »
Reste que le bois est, comme le reste, soumis aux lois du marché. Alors entre la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, il a fallu faire face à une crise du bois l’an dernier. Pour faire simple, les Américains ont délaissé les Canadiens, leur fournisseur principal, et se sont donc tournés vers le bois européen. « Ils ont acheté 100-200 euros plus cher et tout le bois est parti aux États-Unis, raconte le directeur. Il fallait attendre ou payer plein pot ». Le prix du m3 est ainsi passé de 400 € en janvier 2021 à 1100 euros en juillet. Sauf que de nombreux contrats étaient passés sur la base de janvier. « On est les premiers à s’être battu, sans aide, on était mort, assure Vincent Decarpigny. C’était un peu les prémices de tout ce que les autres corps d’état vivent cette année ». Des aides aux collectivités de l’État ont permis de maintenir environ 80 % des chantiers de l’entreprise Cominoise. Le prix est un peu redescendu mais reste bien au-delà de janvier 2021.
BSM cherche toujours à innover
Si BSM pour Bois Scié Manufacturé est devenue une affaire familiale, c’était d’abord une affaire belge lors de sa création en 1946. Le groupe belge Decoene créé BSM, une filiale en France. On y a fait des bâtiments industrialisés à ossature bois, des billards, des postes de télévision en bois… Une autre époque où l’entreprise était installée rue d’Armentières à Comines, dans une ancienne fonderie.
Elle est aujourd’hui installée dans la zone de l’Énergie, là où se trouvait l’ancienne centrale électrique.
Dans la famille Decarpigny, le père rentre dans l’entreprise avec un CAP de faiseur tourneur en 1967. Douze ans plus tard, il en devient le directeur général. En 1984, Gérard Decarpigny rachète l’entreprise. Dix mois plus tard, Vincent, le fils, rentre dans l’entreprise. En 2003, lorsque le père partira à la retraite, le fils reprendra les rênes de l’entreprise.
Ils ont déposé un brevet, voilà 34 ans, Modulam, qui permet de construire des bâtiments modulaires en bois. Un jeu de construction démontable et remontable au gré des besoins. Depuis, l’entreprise continue d’innover. Un des trois piliers de l’entreprise, c’est justement son bureau d’étude qui permet de répondre aux attentes et besoins des clients. Les deux autres sont la fabrication en atelier et les monteurs. En tout, cela représente aujourd’hui 35 salariés, et des intérimaires quand le besoin se fait sentir.
Après soixante-seize ans d’existence, dont la moitié avec un Decarpigny à sa tête, ‘’BSM est toujours sur ses deux pieds’’, et réalise entre 6 et 8 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Source : Article ‘’La Voix du Nord’’ – Octobre 2022.